lundi 3 mars 2008

La lumière de l'ange

Avec deux semaines de retard, voici, les derniers chapitres de l'ange ...
Chap. 8

La porte se referma sur Nikolaï, le cliquetis se fit entendre, Marie était de nouveau seule, enfermée dans cette chambre.
Allongée sur le lit, elle repensa à la soirée qui venait de s’écouler. Nikolaï avait été un hôte charmant. Elle avait été captivée par l’histoire de sa famille. Un de ses ancêtres avait rencontré le tsar et avait vécut à la cour impériale, elle avait été une simple préceptrice mais elle avait côtoyé un monde aujourd’hui disparut.
Il était très bon conteur, e il aurait pu devenir écrivain. Malheureusement, il avait choisi la mauvaise voie. Marie regrettait son mouvement d’humeur au moment où il avait commencé à parler de lui. Il s’était alors tu et ne lui avait pas raconté l’histoire de ce petit garçon devenu patron de maison close. Elle soupira certaine qu’il aurait pu faire quelque chose de sa vie. C’était un véritable gâchis.
Soudain, un courant d’air la fit frissonner. Elle se redressa et vit qu’il avait laissé la fenêtre ouverte. L’occasion était trop belle et ne se représenterait plus. Elle avait un moyen de s’échapper.
Elle gagna la salle de bain où elle enfila les vêtements qu’elle avait de plus pratique. L’image que lui renvoya le miroir la fit grimacer. Elle avait un bleu le long de sa tempe et la lèvre inférieure ouverte. Elle n’était pas belle à voir. Nikolaï lui avait infligé ces coups et s’il le lui avait fait oublier l’espace de quelques minutes, tout lui était revenu à l’esprit maintenant. Elle était prête.
Pleine d’espoir, elle se dirigea vers la fenêtre mais fut coupée dans son élan par son vertige. La seule possibilité pour elle de descendre l’étage était la gouttière or celle-ci se trouvait à quelques mètres sur la droite. Seul un tout petit parapet en permettait l’accès. Elle sentit son courage faiblir. Pourquoi la mettait-on ainsi à l’épreuve ? Il n’y avait pas d’autre échappatoire, cette fenêtre ouverte était son seul moyen d’évasion. Elle s’apprêtait à l’enjamber quand au loin résonnèrent onze coups de cloche. Il était 23 heures. Fidèle à son habitude, Sophia n’allait pas tarder à venir vérifier son sommeil. Marie fit demi-tour et arrangea le lit de façon à faire croire qu’elle était profondément endormie. Quand elle fut satisfaite du résultat, elle franchit la fenêtre.
Dans son bureau, Nikolaï vérifiait les comptes du club. Il n’avait jamais gagné autant d’argent qu’en ce moment. Le club était un commerce lucratif. Il était écœuré par sa conduite. Il ne pouvait pas renvoyer les filles chez elles sitôt arrivées et il était obligé de les mettre sur le marché. Certaines en étaient brisées à jamais. Il leur volait leurs illusions. L’ouest n’était plus qu’une chimère inaccessible lorsqu’enfin il les mettait dans l’avion les ramenant en Russie.
Il s’enfonça plus profondément dans son fauteuil et renversa la tête vers l’arrière. Marie s’imposa dans son esprit. Il avait aimé discuter avec elle. Elle était avide de connaissances et avait semblée très intéressée par ses récits. Très perspicace, elle avait su poser les bonnes questions au bon moment l’amenant à se livrer plus qu’il ne l’avait jamais fait.
Quelqu’un se racla la gorge, il leva la tête. Pavel était devant lui, il affichait un air triomphant.
-Des soucis ?- La comptabilité qui m’ennuie – dit-il d’un haussement d’épaule - Tu as l’air d’un homme qui vient de passer quelques bonnes heures dans le lit d’une femme- Moi ? Non ! J’ai juste vu un oiseau prêt à s’envoler- Pardon ?- Ta protégée est perchée sur le rebord d’une fenêtre, elle est en assez mauvaise posture –lui répondit-il mauvais.

D’un bond, Nikolaï fut debout et prit le chemin menant à la chambre de Marie. Il avait commis une faute de débutant. Obnubilé par la jeune femme et par la douleur que lui avait causée sa réaction, il était parti sans refermer la fenêtre. Naturellement, elle avait saisi sa chance. La distance lui paraissait interminable, il avait peur d’arriver trop tard, peur qu’elle soit tombée.
Marie avait commis une erreur dans son plan d’évasion. Elle avait baissé les yeux vers le sol et maintenant incapable du moindre geste, elle se sentait happée par le vide.
- Marie ?Nikolaï était là, elle avait échoué. Il allait la faire rentrer et lui infliger une correction. - Marie, rentres - Non ! - Marie, la gouttière est trop loin, tu n’as aucune stabilité, tu vas tomber. - Et alors ? Vous n’aurez qu’à me remplacer ! Je ne suis pas la seule femme au monde !
Il avait peur, elle semblait déterminée à en finir avec sa captivité, quitte à tomber et se rompre le cou.
- Tu comptes beaucoup plus que tu ne le penses. Viens Marie, rentres avec moi
- Pour prendre une raclée ?? Je préfère encore sauter – rétorqua-t-elle sans se rendre compte de ce qu’il venait de lui avouer.
- Je ne te toucherai pas mon ange, je veux juste que tu rentres. Prends ma main… s’il te plaît.Il lui tendit le bras, elle ne bougea pas. A l’intérieur, elle entendit Pavel s’adresser à Nikolaï- Mais pousse la qu’on en finisse avec elle ! Tu ne vois pas qu’elle nous pourrit la vie depuis qu’elle est ici ? Kolia, tu l’as dit toi-même, tu mérites mieux qu’une putain ramassée sur un trottoir de Moscou
- Un mot de plus et je te le fais regretter Pavel !
- Comme tu veux mais elle n’a pas sa place ici, plus vite on en sera débarrassé mieux ce sera !
Hors de lui, Nikolaï aurait pu tuer son associé si son attention n’avait pas été focalisée sur Marie.

- Macha … prends ma main
- Je veux partir Nikolaï, je veux rentrer chez moi !
Elle sanglotait de peur, de désespoir et de froid mêlés. Elle était prête à tout pour échapper à son geôlier quitte à sauter. Elle choisirait sa propre mort plutôt que périr des mains de Nikolaï. Pourtant, il avait de l’inquiétude dans la voix. Il l’avait appelé Macha comme son arrière grand-mère. Que lui avait-il dit au sujet de ce prénom ?? La peur lui embrouillait l’esprit.- Marie, si tu rentres avec moi, je te promets que je te rendrais ta liberté.
Il avait joint les mains en signe de prière et paraissait sincère. Marie perdit l’équilibre et faillit tomber, elle se rétabli de justesse. Nikolaï se sentait impuissant. Il ne pouvait pas l’attraper et la rejoindre la mettrait encore plus en danger.
- J’ai peur Nikolaï
- Prends ma main, je ne te lâcherais pas, je te le jure.Elle hésita un instant puis s’agrippa à lui.
- Maintenant, tu vas faire un pas sur la gauche, vers moi. Je te tiens, ne crains rien. Voilà, c’est bien continues comme ça, tu y es presque.
Doucement, elle avançait vers lui. Enfin, il pu s’en saisir et la faire entrer dans la chambre. Elle tremblait tellement qu’elle se laissa chuter sur le sol. Sans la lâcher, il se fit tomber chancelant autant qu’elle. Accrochée à lui, elle pleurait. Il tenta de la rassurer.
- Ne pleures pas Marie, c’est fini, tu es en sécurité
- Je veux juste rentrer chez moi
- Je sais … je sais
Il déposa un baiser sur ses cheveux soulagé qu’elle aille bien.
- Tu as promis…
- Je sais et je tiens toujours mes promesses, laisses moi juste un peu de temps et je te ramènerai chez toi.
Epuisée par toutes les émotions qu’elle venait de vivre, Marie ne put répondre. Il lui avait sauvé la vie, elle lui fit naturellement confiance.
Pavel se tenait derrière eux les poings serrés. Il avait, à présent, la certitude d’avoir perdu Nikolaï. Cette dinde lui avait volé son cœur. En la voyant ainsi blottie contre lui, il avait la nausée. Il fallait qu’il s’en débarrasse. Il fallait que tout redevienne comme avant. Nikolaï l’oublierait, ce n’était qu’une pute après tout, elle avait peu de valeur.
Marie s’endormit en sécurité dans les bras de Nikolaï qui la garda longtemps serrée contre son cœur. S’il l’avait perdue ce soir, il ne se le serait jamais pardonné. Il fallait qu’il la fasse quitter cet endroit. Il devait la mettre en sécurité loin de la jalousie de Pavel qui venait de se dévoiler, loin de lui aussi.
Quand enfin, il rejoignit son associé dans le bureau, il trouva Pavel assis dans son fauteuil, les pieds sur le bureau, une bouteille de vodka à la main.
- Tu vas saloper ma compta
- Tu l’aimes –répondit Pavel en le pointant du doigt. Tu es amoureux de cette traînée !- Ne dis pas de conneries et rends moi ma place !
Pavel s’allongea de tout son long dans le canapé en cuir qui faisait face à la table de travail. - Tu n’aurais pas hésité à sauter pour elle et ne me dis pas le contraire, je vous ai vu- C’est une marchandise précieuse et il faut en prendre soin Nikolaï restait le nez dans ses papiers, faussement intéressé par la productivité du club. De l’extérieur, il donnait l’air d’être maître de lui, seul un léger tressautement de la feuille qu’il tenait entre ses mains pouvait laisser deviner le combat intérieur qu’il livrait. Il n’avait qu’une envie, rejoindre Marie dans son lit et la garder étroitement contre lui. Il n’y avait pas d’autre façon pour lui de la savoir parfaitement en sécurité. Loin de lui, sa vie était en danger. Il devait voir Finley mais répugnait à sortir du club et la laisser aux mains de Pavel.

- Tu devrais la sauter une bonne fois pour toute tu sais ! Tu fais ton affaire et tu verras elle sortira de ta tête
- Pavel, fini ta vodka, tu diras peut-être moins de conneries !- Mais tu l’aimes ça se voit !
Nikolaï se leva et s’agenouilla à côté de son ami. Sa voix devint caressante.
- Racontes-moi ce qui te chiffonne
- Elle va créer des embrouilles ! Tu vas passer trop de temps avec elle et moins ici, les affaires vont péricliter et le clan te renverra en Russie. Je ne veux pas que tu rentres au pays moi !- Tu y crois réellement ? Tu penses vraiment que je vais risquer tout ce que nous avons construit toi et moi pour une fille ?
- Mais je t’ai vu Kolia ! Je t’ai vu en panique à cause d’elle !
- C’est la fille d’un diplomate français. Imagines ce qu’il peut nous arriver si à Paris, ils découvrent que nous la tenons.
- Alors on la tue et on la balance dans la Tamise comme toutes les autres.
- Elle a plus de valeur vivante.
- Tu vois tu la protèges. Kolia, je veux qu’on s’en débarrasse. Je ne supporte plus de la voir ici.

Pavel ressemblait à un enfant capricieux attendant qu’on accède au moindre de ses désirs. Si un jour, Nikolaï avait pu ressentir de l’amitié envers lui, celle-ci s’était étiolée avec le temps et avait fini par se transformer en mépris. Pendant longtemps, il avait cru qu’il pourrait le faire changer, qu’avec un peu d’attention et de respect, Pavel deviendrait un homme, sinon honnête, du moins fréquentable. Mais il n’y avait rien de bon en lui, certains le disaient pourris jusqu’à l’os, Nikolaï le connaissait parfaitement déséquilibré. Il n’avait pas encore commis de catastrophe, mais aujourd’hui, une nouvelle donnée s’était incérée dans l’équation, Nikolaï aimait Marie et même s’il n’avait que peu d’espoir de se faire aimer en retour, elle était devenue sa priorité. Un binôme ne pouvait devenir un trio. Pavel ne laisserait jamais de place à la jeune femme. Le chien fou n’avait plus qu’une idée en tête l’éliminer.
Rassurer par la présence apaisante de Kolia à ses côtés, par sa voix enjôleuse et ses paroles sensées, Pavel se laissa emporté par le sommeil. Quand il fut profondément endormi, Nikolaï enfila un long manteau noir et sorti pour son rendez-vous avec le policier. ***************************************
C'était l'effervescence des grands jours à l'ambassade de France à Moscou, une grande soirée se préparait. Le président de la République était arrivé la veille, le bâtiment était sous haute sécurité. Pourtant, un attentat se préparait et Paul Drumond en était la pièce maîtresse. Il devait permettre aux terroristes de s'introduire et assassiner l'invité principal de la soirée. La vie de sa fille dépendait de lui. Il devait commettre une trahison d'Etat, il passerait le reste de sa vie en prison ... ou pire si on le remettait aux autorités russes. Cette histoire ne concernait pas que lui. La mort de la cible désignée aurait des répercussions politiques. Les relations diplomatiques entre les deux pays seraient coupées. Il devait l'admettre, il avait pris sa décision à l'instant où les ravisseurs de Marie lui avaient révélé leur plan. Il caressa la photo de sa défunte épouse du bout des doigts.
- Pardonne moi mon Elisa, pardonne moi mais je ne peux pas. Marie est toute ma vie mais elle n'est pas la seule vie en jeu.
Ne pouvant plus supporter le regard d'Elisabeth, il rangea le cadre dans un tiroir rejoignant ainsi celui de Marie. Puis résigné, il se dirigea vers le bureau présidentiel.

4 commentaires:

Elisabeth a dit…

Je repasse dans la soirée relire tout ton roman depuis le début.
Je te dirais quoi ensuite :)

Catherine a dit…

Merci pour ces mises à jour!
L'étau se reserre...

Tisha a dit…

je suis en attente de la suite avec une impatience folle !
Catherine a raiosn l'étau de reserre ...

Gaëlle a dit…

Merci les filles

Comme vous avez été sympa je vous ai mis la fin de la première partie :)