Voilà une question qui fait s’affronter bien des critiques lorsqu’une œuvre est portée à l’écran. En effet, doit-on voir dans une adaptation la retranscription fidèle du texte en image ou la mise en image du texte ?
Prenons l’exemple, tout à fait fortuit, du célèbre roman de Jane Austen, Pride and prejudice (Orgueil et préjugé). Il existe plusieurs adaptations de ce livre mais deux ont plus précisément retenu mon attention. En 1995, le BBC diffuse une minisérie de 6 épisodes dont les rôles principaux sont tenus par Jennifer Ehle et Colin Firth. L’histoire est scrupuleusement respectée, la mise en scène retranscrit fidèlement le texte (à ceci près … non mesdames la chemise mouillée n’existe pas dans le livre). La série est un succès.
Dix ans plus tard, Joe Wright adapte à son tour le livre avec cette fois-ci Keira Knightley et Matthew Macfadyen dans les rôles principaux. A sa sortie, les critiques se déchainent. Joe Wright aurait dénaturé le texte. Certaines scènes capitales du roman ont été revisitées, je pense notamment à la très tardive visite de Lady Catherine de Bourg aux Bennet. Pourquoi transformer une visite matinale en visite nocturne ?? C’est en parcourant le forum The Inn at Lambton* que j’ai trouvé ma réponse. Selon les convenances en usage à l’époque de Jane Austen, il était très mal venu de se rendre chez des gens dans la matinée. Aujourd’hui cette « règle » n’a plus lieu, alors comment pointer l’incorrection de Lady Catherine de Bourg ?? Tout simplement en la transposant le soir alors que toute la famille est au lit. Bien sûr les admirateurs du livre crieront toujours au scandale. Mais rappelons qu’une adaptation doit plaire aux fans de toujours mais aussi se faire comprendre par les profanes. Bien sûr, j’entends certaines de mes connaissances dire que je ne suis pas objective, que j’ai aimé le film. Exacte mais j’ai aussi aimé la série, et parce que j’avais lu le livre avant, j’ai retrouvé avec bonheur tout ce qui m’avait tellement plu dans ma lecture.
Un autre argument se doit aussi être avancé : un film doit au maximum faire 3h pour ne pas perdre l’intérêt du spectateur. La série de la BBC compte 6 épisodes de 50min chacun, contre 2h30 pour le film… Vous voyez où je veux en venir ?? Nous allons quitter quelques instants les Darcy et autres Bennet pour nous promener en Terre du milieu.
Nul ne peut contester la qualité de la trilogie de Peter Jackson, néanmoins, lors de la sortie cinéma du Retour du roi, je n’ai pu m’empêcher d’être déçue. Il manquait une grosse partie de l’histoire d’Aragorn. Où était passée la légende du Roi guérisseur ?? Elle avait tout simplement été coupée au montage car elle rendait le film plus long et cassait le rythme. Je ne peux que dire merci à monsieur Jackson pour ses versions longues des 3 tomes de son adaptation. Le rythme d’un film est prépondérant, il déterminera son succès ou son flop. Les scènes doivent s’enchainer et ne pas être alourdies par des détails considérés comme superflus. Comment déterminer le superflu ? Je ne saurais le dire, il n’y a qu’un réalisateur pour connaître à l’avance le film qu’il soumettra au public.
En conclusion, je dirais que chaque lecteur est le réalisateur de sa propre adaptation et vous livre certains exemples personnels : Matthew Macfadyen est l’incarnation de mon Darcy, il n’est pas celui de Marnie ou de beaucoup d’autres rédactrices de Blue moon. Je n’aurais pas éliminé les enfants de Scarlett en portant Autant en emporte le vent à l’écran. J’aurais laissé une place à l’hilarante histoire de la maman de Bridget Jones dans le film éponyme. J’aurais mis l’accent sur les créateurs de la carte du maraudeur dans Harry Potter. Et bien entendu, j’aurai engagé Viggo Mortensen en tant qu’Aragorn (désolée, je n’ai pas pu résister).
1) Merci à Cat et (bien qu’ils/elles ne le sachent pas) à toutes les hôtes(sses) de l’Auberge.
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