Dernière mise à jours de L'ange avant un petit bout de temps, pour cause de soucis de PC...
Ils étaient alignés et les regardaient. Au centre de la pièce, tête haute, Nikolaï attendait que l’un d’eux prenne la parole. A ses côtés, Pavel n’en menait pas large. L’expression satisfaite qu’il arborait depuis quelques jours, avait enfin disparu. Dieu qu’il avait eu envie d’effacer cette grimace de son visage, mais à chaque fois que l’envie avait été trop forte, il s’était obligé à penser à Marie. Elle devait rester intouchable à présent, il devait la protéger du fou furieux qui lui servait d’associé.
- Vous nous avez fait perdre un précieux colis Ivanov.
-Je vous prie d’accepter mes excuses, répondit Nikolaï, le plus humblement possible. Permettez-moi de vous dire que sa présence devenait dangereuse. Elle attirait trop l’attention sur elle. Elle est d’ailleurs, à l’origine de la mort d’une des filles
- Et la seule solution qui vous est venue à l’esprit à été de la remettre à la police ?
- Nous l’avons jetée dans la Tamise, malheureusement, des policiers en patrouille ont remarqué son corps et l’ont repêchée … trop tôt.
- Et cette petite dinde a parlé ! Je savais qu’on aurait du lui mettre une balle entre les deux yeux ! S’écria Pavel
- La mettre à l’eau inconsciente m’a paru plus indiqué. Répondit Nikolaï, sans se soucier de son associé. Sa mort aurait pu passer pour un suicide ou une noyade accidentelle.
- Une telle décision ne vous appartenait pas ! Vous auriez dû prendre conseil auprès de vos aînés. - J’en ai conscience aujourd’hui, mais si je puis me permettre, vous n’aviez pas jugé utile de me mettre au courant de l’importance de cette jeune fille. J’ai cru à une erreur d’appréciation.
Un homme leva la main empêchant tout autre de prendre la parole. D’une soixantaine d’années, il avait un visage poupin encadré par une chevelure blanche et mis en valeur par des yeux d’un bleu indigo. Il ressemblait au grand-père parfait. Peut-être l’était-il pour ses propres petits enfants, mais Nikolaï savait qu’il ne fallait pas se fier à cette bonhommie apparente. Anton était un homme cruel qui du haut de son trône, n’hésitait pas à se salir les mains. Quand il se leva, personne ne s’en étonna. Le chef du clan allait lui-même régler ses comptes.
Si le courage n’avait jamais été très présent chez Pavel, il l’avait aujourd’hui totalement déserté. Le jeune chien fou avait laissé place à une bête apeurée. Plus que les coups d’Anton, Nikolai redoutait la trahison de son comparse. Il n’avait pas peur pour sa vie, qu’il meurt aujourd’hui ne ferait qu’abréger ses souffrances mais il tremblait à l’idée que Pavel puisse avoir des renseignements quels qu’ils soient au sujet de Marie.
Comme il l’avait craint, s’appuyant sur sa canne, Anton se dirigea droit vers Pavel, lui tapotant gentiment le visage.
- Ton père était un de mes amis, tu sais ça ?
- Ton père était un de mes amis, tu sais ça ?
-Oui
-Une grande perte que sa disparition.
-Il avait trahi et volé. Il avait donc mérité le châtiment.
-Et toi, son fils, tu as hérité de son affaire …
- Je … oui.
Le regard perçant d’Anton vint se poser sur Nikolaï. Une fois de plus, il fut surpris par la maitrise qu’affichait celui-ci. Nikolaï Ivanov avait un grand avenir dans l’organisation et tous savaient que le vieux « roi » l’appréciait beaucoup. Il n’ignorait pas que Pavel n’était qu’un pantin entre les mains de son ami, ni que celui-ci avait assis sa légitimité sur la relation qu’ils entretenaient et en fin stratège, qu’il attendait le bon moment pour l’éliminer. Néanmoins, pour une raison inexpliquée, il avait commis une erreur de débutant.
- Pavel ! Dis-moi pourquoi, vous n’avez pas attendu mes ordres !
-Elle … elle a tué une des filles
- Cette pute avait-elle une si grande valeur ?
- N… non … Mais …
- Mais ?
- Elle jouait les princesses ! Sous prétexte que Kolia la trouvait à son goût, elle m’a défié !
- Kolia la trouvait à son goût ?
-C’était dégoulinant d’amour. Rien n’était trop beau pour elle ! Il n’a même pas essayer de lui faire payer sa tentative d’évasion.
- Explique-moi !
La situation prenait un chemin que Nikolaï n’avait pas espéré. Il savait que les coups allaient pleuvoir mais ce crétin venait de lui sauver la vie. En effet, il existait un grand paradoxe dans cette mafia où comme beaucoup, Anton était un homme sincèrement épris de son épouse. Elle était le havre de paix où il venait oublier les exactions qu’il commettait et puiser la force d’en commettre d’autres. En ce sens, les révélations de Pavel lui seraient donc très utiles. N’y avait-il pas de plus belle preuve de son attachement à l’organisation que le sacrifice de la femme qu’il aimait ? Il lui faudrait payer son échec mais il aurait la vie sauve. Pour l’heure, il écoutait Pavel libérer son fiel.
- Il s’est même fait tatouer sur le torse pour ne jamais l’oublier !
-Tiens donc comme c’est intéressant
A peine Anton, eut-il prononcé ces mots que sa canne vint s’abattre à l’intérieur des genoux de Nikolaï qui fléchit et tomba, surpris, sous la violence du coup. Jamais, il n’aurait cru que le vieil homme eut une telle force. D’un simple geste de la tête, il ordonna à l’un de ses hommes de le maintenir déchira sa chemise d’un craquement sec. Les boutons s’envolèrent dans la pièce et apparu le torse du jeune homme. Il y avait toutes sortes de tatouages qui racontaient sa vie et son parcours dans l’organisation mais un seul retint l’attention.
- Un ange … quelle est donc sa signification ? Demanda Anton
- Il l’a…
- Boucle là, Pavel ! Je m’adresse à Nikolaï.
- Elle l’était tout simplement.
- Elle n’est pas morte.
- Elle est hors de ma portée.
- Pourquoi ne pas l’avoir gardée près de toi ?
- Comme Pavel n’a cessé de le répéter, elle est responsable de la mort d’une des filles. Elle sombrait dans la folie, allant jusqu’à essayer de se défenestrer. Elle attirait trop l’attention sur elle.
- Mais tu l’aimais.
Nikolaï ne répondit pas, se contentant de baisser la tête. Avouer aurait-été une marque de faiblesse, ne rien dire, était un consentement silencieux. Par ailleurs, il n’était pas prêt à avouer ses sentiments, ils étaient le seul lien qui le rattachaient encore à elle.
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