samedi 16 février 2008

La lumière de l'ange, chp.6




Chap. 6

Sophia ouvrit doucement la porte. Marie dormait paisiblement. Sans un bruit, elle récupéra, dans la salle de bain, le linge sale de la jeune femme. Que la jolie française soit endormie était une bonne chose, Sophia pourrait vaquer à toute ses occupations avant de venir lui .tenir compagnie. Depuis quelques jours, Marie montrait des signes de plus en plus évidents d'un ras le bol. Elle était comme un animal en cage et seul le sommeil lui apportait un peu de sérénité. Sophia tira précautionneusement les rideaux avant de s’en aller.

Marie se sentait bien. Il n’y avait pas meilleur endroit au monde pour elle qu’un lit douillet, pourtant le soupir d’aise qu’elle poussa n’était pas le fruit du confort mais de la délicatesse de la caresse qu’il lui prodiguait. Il lui écarta les cheveux et l’embrassa dans la nuque.
- Excuse moi, je me trompe peut être … Tu ne préfères pas dormir ?
- Mmmm laisse moi réfléchir ….
- Coquine ….
Les baisers laissèrent place à de petits mordillements et sa main quitta ses hanches pour descendre vers son entrejambe.
- Si tu oses t’arrêter maintenant …
- Et bien ?? Que va-t-il m’arriver ??
- Je … Tu … En fait je n’en sais rien mais ne t’arrêtes pas s’il te plaît.
Il éclata de rire. Elle aimait son rire. Il n’y avait rien qu’elle n’aimait pas chez lui. Il était son amant, son ami, l’amour de sa vie. Sa main se faufila jusque son sexe. Elle se laissa aller contre lui. Il était tendu, il la désirait. Elle savait qu'il attendait qu'elle vienne à lui et le flatte comme il était en train de le faire. Mais d'humeur taquine, elle ne comptait pas le soulager de suite et se laissa aller au plaisir de sa main. Ses doigts avaient trouvés le chemin de son clitoris qu'ils agaçaient de milles et une façon. Maintenant, son souffle était saccadé et elle se tortillait contre lui.
- Mon amour … Tu es à moi … à moi …
C’est mots dans la bouche de son amant la glacèrent.
Soudain, elle ne fut plus dans la chambre mais au beau milieu de Londres. C’était un Londres qu’elle ne connaissait pas. La ville lui était hostile et il y faisait froid. Néanmoins, elle vit là, une chance de fuir, de recouvrer sa liberté. Les mots de son agresseur résonnaient encore dans sa tête. Elle n’appartenait à personne, il fallait qu’elle fuie le plus loin possible de lui. Elle courait mais sa course paraissait sans fin. Toutes les rues, les maisons se ressemblaient, elle tournait en rond. De désespoir elle poussa un cri.

- Marie ??? Marie ?? Toi te réveiller !!
Marie sortit brusquement des limbes du sommeil et reconnut Sophia à côté d’elle qui la regardait inquiète.
- Sophia …
- Toi avoir fait mauvais rêves ?
- Oui … - répondit-elle d’une voix morne
- Toi pas être triste !! Cadeaux arrivés pour toi !

Marie n’en croyait pas ses yeux. Nikolaï lui avait envoyé les livres promis. Il y avait des romans, des biographies, des essais et même la traduction d'un recueil de poèmes russes. Il ne s’était pas contenté des livres de poche mais avait choisi des modèles de luxe et certains d'entre eux étaient magnifiques. Elle aurait pu être ravie de recevoir de tels cadeaux mais elle avait l’impression qu’il essayait de l’acheter.

Comment un être aussi abject pourrait-il faire preuve de gentillesse ? Cela ne pouvait être qu’une manœuvre pour l’amadouer et la mettre dans son lit. Marie ne parvenait pas à comprendre pourquoi il tenait tellement à la séduire et lui faire plaisir alors qu’il n’avait jusqu’alors pas fait grand cas d’elle. Il l’avait voulu, il l’avait prise.
Reposant le livre qu'elle tenait entre ses mains, elle s'approcha de la fenêtre. Il pleuvait aujourd'hui. Le temps s'était mis en diapason de son humeur. La tête posée sur le mur, elle repensa au baiser qu’ils avaient échangé deux jours plus tôt. Comment avait-il pu croire une seule seconde qu’elle aurait envie de lui ? C’était un rustre, une ordure dont le métier consistait à faire du commerce de la vie de dizaines de jeunes filles. Un tel homme ne méritait pas qu’on daigne poser les yeux sur lui. Rien chez lui ne lui plaisait moralement ou physiquement. Il n’y avait aucune douceur en lui, il était trop dur. Et tous ces tatouages…
Marie avait toujours détesté les tatouages. Elle avait du mal à comprendre le besoin qu’une personne éprouvait à martyriser ainsi son corps. A la rigueur, elle admettait qu’un seul dessin puisse être joli mais Nikolaï en était couvert. Nerveusement, elle rangea les livres dans leurs cartons. Ils n’étaient rien de plus que des appâts. Elle était sa proie. Bientôt, il viendrait chercher son dû, elle paierait cher ces petits cadeaux.
Il fallait qu’elle trouve un moyen de s’échapper, n’importe comment, il fallait qu’elle parte. Une fois à l’extérieur, elle trouverait quelqu’un qui l’aiderait à se rendre à l’ambassade. Mais comment faire ? Les fenêtres étaient scellées et Nikolaï et Sophia prenaient toujours soin de fermer la porte à clé avant de partir. Si cela lui avait été d’un réconfort après qu’elle se soit retrouvée entre les mains des hommes de Nikolaï, aujourd’hui, elle se sentait prise au piège.
Comme souvent depuis quelques jours, ses pensées revinrent vers Kolia. Elle se demanda ce qui pouvait amener un homme à choisir ce genre de vie. Il devait avoir vécut une enfance très difficile. Au vu de son âge, elle estimait qu’il avait grandit sous l’ère soviétique, il n’avait certainement pas eu sa chance. Pauvre enfant…
Soudain, elle réalisa qu’elle était en train de le plaindre. On ne pouvait pas s’apitoyer sur le sort de son violeur et à plus forte raison de son geôlier. Elle perdait la raison ….
Elle devait tout de même s’avouer que sans lui, elle serait morte à l'heure qu'il est. Mais c’était lui qui l’avait remise entre les mains de ces sauvages. Il l’avait injustement punie. Elle avait essayé de recouvrer sa liberté, n'importe qui à sa place aurait tout tenté comme elle l'avait fait. Il avait été violent, méchant et hargneux envers elle. Mais il l’avait surprise aussi en la berçant comme le faisait sa maman. A peine cette pensée lui avait-elle effleuré l'esprit, que Marie eut un accès de rage. Ce salopard n’avait absolument rien de comparable avec sa maman. De colère, elle donna un coup de pied dans le montant du lit sur lequel il l'avait agressée puis cajolée. La douleur fut terrible. Elle poussa un cri.
-Marie?? Toi aller bien?? Mauvais rêves encore présents ?

Sophia de tenait dans l'encadrement de la porte de la salle de bain inquiète. Devant l'absurdité de la situation, Marie eu un fou rire. Quand il prit fin, elle s'installa sur le lit.
- J'ai donné un coup dans le lit. Ca fait mal.
- Pourquoi donner coup de pied?
- C'est à cause de Kolia! Il est tellement horrible mais il peut aussi être si gentil! Je ne comprends pas cet homme !
- Nikolaï?
- C'est comme ça qu'il s'appelle? Il m'a menti alors ...
- Kolia est petit nom pour Nikolaï
Tout en discutant, Sophia rangeait les vêtements de son amie. Elle virevoltait dans la pièce tel un elfe dont les cheveux roux étaient laissés libres. Elle avait repris un peu de poids et paraissait en meilleure forme. Marie l'aimait beaucoup. Chacune d'elle essayait de protéger l'autre à sa façon.
- Tu sais qu'il m'a offert des livres?
- Toi heureuse pour livres? Pas pour bijoux?
Marie ne s'étonnait plus de l'intérêt de sa compagne pour l'argent. Elle avait fini par comprendre que Sophia avait les réactions d'une personne privée de tout depuis l'enfance. Cela était humain. Elle même réagissait comme une enfant désabusée qui n'avait jamais manqué de rien, une enfant choyée par un père qui l'adorait.

- Si je n’avais pas la désagréable sensation qu’il me manipule, je serai ravie. J’adore lire. Heureusement d’ailleurs car c'est l'une des seules distractions que l'on puisse avoir quand on est fille unique.
- Toi pas d'amis?
- On ne restait pas assez longtemps au même endroit pour que je puisse me faire des amis.
- Toi pas avoir sœur ou frère?
- Non, ma maman est morte un peu avant mon 5éme anniversaire.
- Oh moi triste pour toi.
Marie sourit tristement à Sophia et lui fit signe de s'assoir sur le lit avec elle.
- Et toi? As-tu des frères et sœurs?
- Trois frères.
- Et un fiancé??
Sophia rougit violemment ce qui fit de nouveau rire Marie.

- Ah ah! J'ai donc raison!! Racontes moi
- Lui en Angleterre et moi venir ici pour lui
- Et tu es tombée entre les mains de cette ordure de Nikolaï ... - répondit la jeune française
- Non ! Moi avoir donné argent à Pavel pour venir Londres. Nikolaï lui me laisser partir bientôt.
Marie ne comprenait pas. Si Pavel faisait venir les filles, quel était le rôle de Nikolaï ?
- Je ne pensais pas que Pavel était le chef.
- Lui pas être chef ! Nikolaï être chef !
- Je ne comprends pas Sophia. Cet enfoiré te vend au plus offrant et toi, tu es pleine de gratitude. A ta place, je serais folle de rage et n’aurais qu’une envie, le…le … le pendre par les testicules !

Un long sifflement se fit entendre, Nikolaï était là dans l’embrasure de la porte et la regardait un sourire moqueur sur les lèvres.

1 commentaire:

Catherine a dit…

Avec retard, je voulais te dire que j'avais lu ce chapitre et celui que tu as mis ensuite sur BlueMoon. Ce dernier m'a particulièrement plu car, le personnage de Nikolaï gagne en épaisseur et sa relation avec Marie devient troublante et ambigüe également. J'espère lire la suite très vite, ne nous fait pas trop languir!